Le Maroc francophone : identité et diplomatie africaine

Le Maroc est confronté aux défis linguistiques posés par la construction de son identité en tant qu’État. Pendant longtemps, l’arabe a été favorisé comme moyen de résister aux normes des anciens colonisateurs et revaloriser la religion musulmane et l’histoire des empires marocains successif...

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Autor principal: Yousra Abourabi
Formato: article
Lenguaje:FR
Publicado: Université Jean Moulin - Lyon 3 2019
Materias:
P
Acceso en línea:https://doaj.org/article/50ce624c7aa44a4f87839b13069c6216
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Sumario:Le Maroc est confronté aux défis linguistiques posés par la construction de son identité en tant qu’État. Pendant longtemps, l’arabe a été favorisé comme moyen de résister aux normes des anciens colonisateurs et revaloriser la religion musulmane et l’histoire des empires marocains successifs. Le français n’a jamais été abandonné comme deuxième langue administrative mais il a été supprimé de l’enseignement primaire et secondaire au lendemain de l’indépendance. Depuis une quinzaine d’années, avec le choix de l’ouverture linguistique annoncé par le roi Mohammed VI et illustré notamment par une valorisation officielle de langue amazighe, le débat sur la place du français dans l’enseignement et plus généralement comme l’une des langues nationales, refait débat. Le choix de l’arabe classique, du français ou des dialectes comme langues d’enseignement fait actuellement l’objet d’un important projet de réforme qui peut prendre plusieurs années. Ces préférences idéologiques émanent des différents partis mais sont surtout déterminés par les nouvelles orientations de politique étrangère. Résolument tourné vers l’Afrique, le Maroc ambitionne d’être reconnu comme une puissance continentale. La diplomatie marocaine a noué de relations étroites avec les pays francophones en premier lieu, en renforçant les échanges économiques mais aussi migratoires. Une importante diaspora africaine de différentes origines a migré vers le Royaume, notamment pour poursuivre des études en français. D’un autre côté, les secteurs public comme privé doivent renforcer les niveaux linguistiques de leurs employés, notamment le français, afin d’accompagner cet élan national vers l’Afrique. Ainsi la formation universitaire et la diplomatie d’expertise sont devenues des leviers non négligeables au sein de cette diplomatie, et contribuent de façon réflexive à façonner l’identité du Maroc, qui se veut au croisement des cultures et des civilisations. Qualifiée dans cet article de « juste milieu », l’identité de rôle du Maroc, au sens donné par la théorie constructiviste des relations internationales, se construit ainsi le contexte de la politique africaine du Royaume. La dimension francophone de la politique étrangère marocaine est d’abord située autour d’un enjeu linguistique, avant d’être institutionnelle (la Francophonie) ou politique (la francophilie).